Plus qu'un sommet, l'ascension des Quatre Têtes est une succession d'étapes pédestres et d'états mentaux qui se bonifient à mesure que l'on chemine.
D'abord lassant,
Au démarrage, la longue montée par la route d'alpage qui serpente de Burzier jusqu'à Doran ne donne pas franchement des ailes. On offre donc assez facilement aux 4*4 qui nous dépassent nos jalouses arrières pensées. Eux ravitaillent, entretiennent et font vivre l'alpage ; nous nous promenons, pique-niquons et admirons les lieux...souvent chez eux ! Mieux vaut donc attarder son regard vers la cascade d'Arpenaz et autour car les feuillus de la montagne de Doran sont flamboyants.
Réjouissant,
Bienvenue dans le vallon de Doran, sa chapelle dont la nom est aussi long que Doran est court, un refuge de montagne fleuri, des petits chalets serrés les uns aux autres au-dessus desquels on déposerait volontiers une couette pour les maintenir au chaud, un bachal photogénique, des règles de gestion propres à l'alpage qui surprendraient le meilleur des juristes et surtout un bon plat, à pied comme à table.
Respirant,
Ce petit vallon possède son horizon. Celui du fond dominé par la Pointe Percée et encadré par des arêtes qui tombent doucement dans le vallon. Elles ont toutes un nom que l'on oublie sans raison. On avance donc dans une immense baignoire en laissant derrière nous les aiguilles de Warens et la montagne de Véran. Le sentier se raidit. La respiration s'accélère. On zig zag fébrilement dans un pierrier instable que les chamois devant nous traversent avec aisance. La géologie y est incroyable c'est sûr mais on n'y connait rien. Zut zut.
Eblouissant !
Pas le sommet, pas encore. D'abord le col ! Une vue de toute beauté sur la combe des Fours, la vallée de Coeur, le Croisse Baulet et les montagnes de Savoie qui ne paient pas de mine vue d'ici. Le final n'est pas aérien mais il en impose puisqu'il suit une ligne de crête évidente qui aboutit au sommet. Et que dire du sommet ! Vous nous raconterez ! Avec vos mots, votre prose et vos souvenirs. Chiche ?
Une fois en bas, quelle fierté d'avoir été tout là haut, d'avoir vu où la pointe était percée, d'avoir toqué à la porte de l'alpage pour repartir avec son fromage et/ou s'attabler autour d'un farçement copieux servie par l'équipe du refuge évidemment souriante !