L'illustration d'Amélie Brunot, Atelier Mélicope, ouvre cette newsletter avec éclat. Il fallait bien ça : des couleurs et une bouffée d'air frais pour tourner la page de Février dont on a fait toute une histoire.
À toi qui nous lis, je suis heureux de te retrouver. Un mois sans nouvelles, c'est long. Sans nouvelles de toi, encore plus. N'oublie pas que tu peux m'écrire. J'habite au 3445 route de Cordon, 74700 Cordon. Des nouvelles habitées, c'est toujours plus sympathique que des colis achetés et livrés sans humanité. Un petit coucou postal, ça fait toujours plaisir ! Ou juste un petit coucou, tout simplement. Ma tarte tatin, avec une pâte feuilletée inversée, attend toujours ta visite.
Si cette newsletter te plaît, fais-la voyager ! Plus on sera, plus on pourra ouvrir des portes normalement closes, comme le camp de base d'À Chacun son Everest !, donner la parole pour expliquer des enjeux (en l’occurrence, trois agriculteurs de Cordon), ou dévoiler des histoires vraies avec la délicatesse qu'elles méritent. Bref, explorer le Pays du Mont-Blanc loin des clichés touristiques.
En bref. Roue Libre lance la location de vélo. VTT, gravel, vélo de route et vélo de route électrique sont disponibles au magasin. Plus besoin de monter en station. Tout est réservable en ligne depuis leur vitrine.
Mickaël nous a surpris en nous donnant rendez-vous à la Gorge. On ne s'attendait pas à regarder le Bon Nant sous cet angle. Ce passionné veut dévoiler l'autre visage des torrents de montagne, une biodiversité souvent ignorée. Coup de projecteur sur ce projet que tu peux soutenir !
Si tu as une idée, ou si quelqu'un autour de toi a besoin d'un coup de pouce dans des domaines comme l’emploi, la solidarité, l’économie, le sport, l’inclusion, l’agriculture, la biodiversité, ou tout autre secteur, fais comme Mickaël : contacte-nous ! On offre un coup de com' à un projet coup de cœur.
Moins inspirantes et plus impactantes : nos voitures. Grosses, grises et garées au pied des remontées. Les parkings gratuits nous offrent-ils des paysages pimpants ?... En préparant cette lettre, j'ai découvert que le seul oiseau au monde capable de battre des ailes à l'envers était le colibri, stationnaire comme un drone. Voici donc un voyage aérien au pays des grosses voitures et des grands parkings.
Parkings des Grands Montets, Cuchet, Princesse, Plaine Joux, Saint-Gervais
Les voies d'accès, elles aussi, laissent sans voix.
Mais il y a pire que nos bagnoles garées en épi : être coincé au cul du bus. Ces bus de 50 places qui roulent à vide sur nos routes de montagne. Alors, quand le bus croise Françoise la vacancière, 70 ans, déjà pétrifiée à l'idée de s'engager dans les épingles de la route de Cordon... bada boum. Gros bouchon le 15 février sur le périph' de Cordon.
De jour comme de nuit, les skieurs aussi remontent les pistes à l'envers. Les "collants pipettes" sont toujours plus nombreux à chausser skis et combis pour taper le chrono, travailler le cardio ou juste boire du vin chaud.
Crédits photos : Christophe Bougault, Adrien Rui, Vertipeak, Guillaume Borga
La Verte à l'Envers aux Houches mais aussi l'Edelweiss (Megève), la Signal Express (Les Contamines), La Diagonale du Mont Joly (Saint-Gervais, annulée cette année) ou encore La Montre Belle à Cordon. Il y en a pour tous les goûts et toutes les ambiances presque tous les soirs au Pays du Mont-Blanc.
D'ailleurs aux Houches, le panneau est toujours à l'envers.
Ça ne va toujours pas fort chez les agriculteurs.
Tous les jours ou presque, je passe devant cette banderole plantée dans cette prairie entre Cordon et Combloux.
Et celle-ci, face à la petite école de Cordon.
Oups, voici.
Ludger Pallafray, Alexis Bottolier-Depois et Mathieu Pissard-Maniguet, agriculteurs à Cordon, ont pris le temps de répondre à nos questions. Mercosur, néosporose, terroir, territoires… Prends le temps s'il le faut, mais je t'invite vraiment à regarder cette vidéo. Leurs enjeux qui sont les nôtres sont expliqués avec sincérité et simplicité.
Pour visionner la vidéo, il faut cliquer directement sur la miniature ou alors ici.
Le mois dernier, je te présentais la fine équipe du V and B de Sallanches. Mais connais-tu l'histoire inspirante de Noémie Condolo, la responsable du bar ?
Noémie Condolo a vécu une tranche de sa vie à l'envers, l'enfer à 19 ans, le cancer. De la rémission à la redécouverte de soi, son parcours est un cocktail de courage et de créativité.
En parlant de maladie, nous avons eu la chance de visiter avec une guide pas comme les autres, une maison pas comme les autres.
Christine Janin, à la tête de l’association À Chacun son Everest ! est une icône, aventurière, médecin, et surtout la première Française à avoir atteint le sommet du toit du monde un jour d'octobre 1990. Chomolungma (ཇོ་མོ་གླང་མ) en tibétain, Sagarmatha (सगरमाथा) en népalais, l'Everest pour les Occidentaux.
Elle a dédié les trente dernières années de sa vie à ceux qui redescendent de leur propre sommet : les enfants et les femmes en rémission du cancer. Aussi surprenant que cela puisse paraître, on n'est pas montés pour elle mais pour te faire découvrir son camp de base pas comme les autres, l'envers de la maladie, au 703 Rue Joseph Vallot à Chamonix.
À peine embarquée pour son stage à nos côtés qu'un petit rictus s'est formé sur le visage de Margot lorsque j'ai évoqué l'envers. Elle dévoue une adoration quasi religieuse à Camus et son chef d'œuvre, L’Envers et l’Endroit.
Publié en 1937 à l’âge de 23 ans (son âge, coïncidence ? Elle n'y croit pas), ce court livre de 128 pages est un concentré d’une philosophie de vie. Rends-toi aux Carnets d’Albert à Sallanches pour te le procurer ! De quoi parle cet ouvrage ? Margot prend le relais pour les explications.
L’Envers n’existe pas sans l’Endroit. Cette oscillation constante de clair-obscur c’est l’exigence de lire le monde pour ce qu’il est, sans artifice, sans superficialité. Il y a des personnes de papier qui nous aident sans le savoir, Camus en fait partie.
Tout pays où je ne m'ennuie pas est un pays qui ne m'apprend rien. L’Envers et l’Endroit, Camus.
J’ai un cadeau pour toi — un extrait d’une lettre que j’ai reçue de sa fille Catherine Camus. Voyant que je l'avais expédiée depuis Passy, elle m’a écrit ceci :
“Solides et honnêtes”, que d’éloges ! Loin de la Méditerranée de mon enfance, je reste riche en Soleil, celui-ci ne risque pas de disparaître. Il provient du contact avec l'autre. Je veux t'emmener avec moi à la recherche de ce qu'il y a de plus humain. Partager ces échanges avec ces personnes qui habitent à deux pas de chez toi, pas de spectaculaire mais d’une simplicité lumineuse. Ce que je souhaite te rendre visible est de l’ordre de l’indicible. C’est la force silencieuse sur le visage de ce groupe de femmes qui entra dans la boutique Nulle part ailleurs, où je travaille à Chamonix, avec leur bonnet “À chacun son Everest !”. C’est l’émerveillement mélangé à une once de peur à chaque randonnée à Varan lorsque le chemin d'un bouquetin croise le mien. C'est la générosité des rires de Mathieu, Alexis, Ludger et Tim à Cordon.
Désuet pour certains, un brin poétique, plus éternel, mon coucou c'est une goutte d'attention portée à l'autre telle une page camusienne. Coucou de France c'est un fragment de gaieté, une lettre qui se glisse délicatement dans vos boîtes aux lettres. L’aventure promet d’être grandiose !
Je reprends la main.
Un domaine où les choses ne sont pas aussi lumineuses : la politique locale...
Pour Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais, engagé dans la défense du pass scolaire, revendicateur sur le conflit lié au domaine skiable des Crêtes et récemment condamné dans une affaire de diffamation, ça n'a pas l'air d'aller fort pour lui non plus, envers et contre tous.
Février, c'est aussi toutes ces balades que j'aurais aimé faire. L'Envers du Truc par exemple, en photo ci-dessous depuis le sommet du Mont Truc. Je n'y ai ai jamais été !
Si j'avais eu la caisse, j'aurai aimé randonner par là-haut avec Yannick ou même courir avec Olivier ou Alex. Mais en ce moment, ça aurait été plus judicieux de marcher dans les pas d'Emilie.
Plus tard, on ira aussi déambuler longuement (ensemble ?) au Plan de l'Envers, l'un des hameaux de Vallorcine (ici). J'avais notamment parcouru cette belle boucle où on marche d'un versant à l'autre de la vallée via le Chemin des Diligences.
"Ceux qui tracent des lignes dans l'héroïne d'une poudreuse abondante au-delà de 2500 m d'altitude..." Tu te souviens de ces lignes de janvier dernier ? Eh bien, les voilà ! Les veinards du Bistrot des Cristalliers profitant des superbes conditions de neige à très haute altitude. Leurs photos légendées "BRAQUAGE À L'ENVERS" ont été prises sur la descente de la vallée blanche, via l'itinéraire du grand Envers.
Dans le même coin, sache que le refuge de l'Envers des Aiguilles (tu situes ci-dessus ?) est à la recherche de son / sa prochaine gardienne. Marine Lepetit passe le relais. L'appel à candidature est disponible sur le site web de la FFCAM (rubrique offres de gardiennages).
Grosse bâtisse en pierre de granit, le refuge est adossé à l'aiguille du Grépon avec un balcon plutôt sympa sur le glacier de Leschaux, les aiguilles du Tacul, Talèfre et tant d'autres sommets dont les noms m'échappent.
En lien, je suis tombé sur sur cette image de "Babette" Maerten qui a, semble t-il, été la gardienne des lieux pendant... 42 ans ! Ce nom te parle ? Je n'ai que peu d'infos. Je dépose la photo ici, pour plus tard.
Et pour finir, je ne t'apprends rien. Il a peu neigé en vallée, beaucoup en altitude et surtout abondamment de l'autre côté. Dans le Val Ferret italien, la couche de neige atteignait encore récemment les 2 mètres. Ici, en revanche, c’était plutôt temps sec, pollution persistante et journées printanières. Finalement avec cette météo, on ne sait plus si on est à l'envers ou à l'endroit...
A bientôt ! Tim.
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